Qui n’a jamais rêvé de participer au Mans ?
Si, aujourd’hui, la chose est utopique, un tel challenge était encore possible au début des années 80. À condition d’avoir la foi. Raymond Boutinaud l’a justement eue en étant le seul à oser participer à l’épreuve mancelle avec une 928. L’homme revient avec nous sur ces années riches en émotions aux côtés de sa Porsche, rentrée depuis dans l’histoire.
Dans notre précédent numéro, nous vous avions présenté la société de Raymond Boutinaud à Villeneuve-Saint-Georges (région parisienne). Pilote, préparateur et manager, l’homme officie dans la compétition depuis 1971. Cette fois, nous nous sommes intéressés à son challenge de 1983 et 1984. Engager une PMA en course ! Cette 928 est la seule au monde à avoir couru (et terminé) les 24 Heures du Mans.
Un rêve qui semblait inaccessible
Comme tout pilote, Raymond rêvait dans son enfance de participer à la plus grande épreuve d’endurance au monde. Mais jamais il ne pensait pouvoir concrétiser la chose… Sa première 911, il l’achète à 20 ans. « Forcément, à cet âge, on n’a pas trop de moyens. J’ai vidé ma tirelire pour acheter une 2.0S accidentée que j’ai reconstruite avec des pièces trouvées à droite et à gauche. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai connu Raymond Touroul. Cela n’a fait que confirmer mon désir de m’épanouir en compétition », souligne-t-il. Très vite, il se lance dans le championnat de France des circuits et crée sa petite équipe avec Jean-Louis Chateau et Raymond Touroul. D’année en année, il grimpe les marches et atteint le championnat d’Europe et du monde, sur terre et asphalte. En parallèle, Raymond court en rallye, une discipline qu’il affectionne particulièrement. Comme tout le monde, il suit avec attention les 24 Heures du Mans, mais comme spectateur. Même si l’épreuve n’était pas encore réservée aux élites financières, il fallait faire preuve d’une redoutable persévérance pour espérer la disputer.
Au début des années 80, il se classe « pilote de notoriété » en terminant au pied du podium du championnat de France. « Je n’avais pas fait toutes les courses, mais j’étais ce que l’on appelait « pilote 3 étoiles ». Je pouvais donc courir dans le championnat du monde d’endurance, dont Le Mans »… Néanmoins, la chose paraissait encore difficilement envisageable. C’est finalement le culot qui va le propulser après avoir acheté cette 918S pour son épouse. « L’auto était de 1981 et avait eu un petit choc. Je l’ai donc payée un peu moins cher.
À cette époque, j’avais encore mon garage à Limeil-Brévannes. On a effectué les réparations et ma femme s’en servait de temps en temps.